6 Juin 2016
Créé en 2010, le réseau de vente directe de produits locaux, baptisé « La Ruche qui dit oui » s’est étendu dans toute la France et en Europe, et compte aujourd’hui plus de 850 points de vente, installés en majorité chez l’habitant. Dans la Drôme, il en existe plusieurs, dont une depuis deux ans à Châteauneuf-du-Rhône, à proximité de Montélimar.
En ce mercredi et en cette fin d’après-midi, la cour de la ferme familiale située dans les Iles, sur la commune de Châteauneuf-du-Rhône, à quelques kilomètres de Montélimar, fait office de parking. Parfois même, les voitures stationnent le long du champ de kiwis qui bordent le chemin d’accès. A l’entrée de ce chemin, un petit panneau indiquant « La ruche qui dit oui ».
Car, en fait, ce soir-là, tous ces visiteurs, ce sont les abeilles. La ferme est la ruche. Et dans toute ruche, il y a une reine, et ici, la reine se nomme Fanny Portal. Une jeune maman de 29 ans, native de Pierrelatte, commerciale à ses heures professionnelles, et consommatrice militante le reste du temps. Du genre de celles qui fuient les centres commerciaux, et recherchent de la qualité et du local.
Il y a deux ans, Fanny Portal a décidé de rejoindre le réseau de « La Ruche qui dit oui », après l’avoir découvert à travers un reportage à la télévision. « Je me servais déjà auprès de producteurs locaux » explique-t-elle, « Mais l’idée de tout réunir dans un même endroit, chez l’habitant, m’a plu de suite. A cette époque, il existait seulement une ruche dans la Drôme, à Valence. La plus proche se trouvant ensuite à Aubenas, en Ardèche ».
Un réseau de vente directe
Enfin ça, c’était avant. Car désormais, le département de la Drôme en compte quatre ; La région Rhône-Alpes 54 ; Et le concept s’est étendu à tout le territoire français, mais aussi en Europe. Elles sont en effet désormais plus de 850 ruches à dire oui d’une seule voix. Même l’Angleterre a dit « yes » !
Mais oui à quoi ? A une nouvelle façon de consommer. A une meilleure façon de consommer. Plus respectueuse des producteurs et des consommateurs, en privilégiant les circuits courts et les produits de terroirs et de saison. « Ne mâchez plus les yeux fermés ! » revendique « La Ruche qui dit oui » dans son magazine d’information disponible en ligne.
Derrière ces centaines de ruches, il y a trois associés (*) qui en 2010 ont créé la société « Equanum SAS » et déposé le concept de « Ruche qui dit oui ». L’idée est simple, installer un réseau de vente directe de produits locaux, en proposant aux particuliers de devenir lieu d’accueil, où sont mis en relation des producteurs locaux et des consommateurs. Les commandes se font à l’avance par l’intermédiaire du site internet et sont à récupérer sur place, dans la ruche, le jour de la distribution, généralement la semaine qui suit. Ou comment décliner le concept de « drive » en petite communauté, à domicile, en privilégiant les échanges humains. La formule se veut moins contraignante que le système d’une AMAPE où l’on paye à l’avance ses paniers, car une fois inscrit, le consommateur ne commande que quand il le souhaite. Et le règlement n’est débité qu’une fois la marchandise récupérée, au cas où un produit souhaité n’ait finalement pas été livré.
Agréée « Entreprise sociale et solidaire »
Premiers passages télévisés dès 2011, premières ruches qui s’ouvrent, et en 2012, « La Ruche qui dit oui! » est agréée « Jeune entreprise innovante » et « Entreprise sociale et solidaire ». Entre autres. Car les prix et les honneurs ne feront que se poursuivre, tout comme le développement de l’entreprise, dont le siège est situé à Paris, et qui compte désormais plusieurs antennes régionales et plus d’une centaine de salariés.
Si le siège s’octroie une commission sur toute ruche créée, chaque créateur ou créatrice de ruche est également rémunéré(e), car l’organisation et la tenue d’une ruche nécessite un réel suivi, de la recherche des producteurs à la mise en place d’un réseau de consommateurs, qu’il faut en permanence entretenir. A Châteauneuf-du-Rhône, Fanny Portal a commencé par créer sa page Facebook, puis est allée se présenter à la mairie de son village, avant de distribuer ses tracts dans les boites aux lettres et chez les commerçants. Le bouche à oreille a ensuite fait le reste.
Aujourd’hui, quinze producteurs se relaient dans sa ruche et une trentaine de clients viennent régulièrement se servir chez elle. Si le siège impose certaines règles comme la distance pour rechercher les producteurs (250 km maximum autour de la ruche), une totale liberté est laissée aux organisateurs : certaines ruches sont totalement bios, d’autres végétariennes, végétaliennes etc. Fanny Portal elle, privilégie le bio de préférence, et à défaut, le raisonné. Mais quelque soit le produit, elle se déplace systématiquement à la rencontre des producteurs pour visiter leurs exploitations ou leurs élevages et voir comment ils travaillent, avant de les proposer dans sa ruche. Chez elle aujourd’hui, on y trouve des légumes, du pain, des œufs, de la viande, des conserves, des pâtes fraiches, du fromage, du vin, et plein de petites spécialités locales qui font le régal des papilles, dès l’apéritif !
Accompagner les consommateurs
Et le consommateur s’y retrouve. « J’ai adhéré à la Ruche parce qu’elle dit oui, et que c’est déjà un message positif ! » commente Ariane Vigne, domiciliée à Montélimar, l’une des « abeilles » de la Ruche de Fanny Portal. « Je cherche généralement à consommer bio ou au moins, en agriculture ou élevage raisonné. Mais surtout local ! J’aime la diversité des produits que l’on trouve dans la Ruche, et il y a même quelques fruits bios, ce qui est assez rare par chez nous ». Même avis pour le producteur. « Nous avons intégré le système des ruches il y a trois ans et aujourd’hui, nous en alimentons trois, à Saint-Privas, Châteauneuf-du-Rhône et le Pouzin. Pour nous, cela a d’abord été une façon de se faire connaître car nous reprenions l’exploitation familiale » explique Gilles Audigier, éleveur de vaches, brebis, volailles et lapins à « La Ferme de Pied Chapel » située à Alba-La-Romaine (Ardèche). « Cela créé du lien social. Economiquement, cela assure une garantie de commandes pour nous. Quant au consommateur, il sait d’où vient le produit. Les ruches ont d’ailleurs déclenché pour nous des visites de nos clients, désireux de savoir comment nous travaillons, comment nous élevons nos animaux, et qui sont venus visiter notre exploitation. Car quelque soit la formule choisie, ruche, AMAPE ou magasins de producteurs, la démarche de la part du consommateur sur la qualité de ce qu’il mange est bien là ».
Leur hôte aussi est enthousiaste. « Grâce à ma ruche, j’ai fait la connaissance de nombreux habitants sur ma commune. Le contact humain est ici primordial. Cela fait également un point de vie supplémentaire dans le village. Et surtout, je me sens un peu plus utile à la société et j’éprouve une vraie satisfaction personnelle à faire vivre les producteurs locaux » poursuit Fanny Portal, qui se réjouie du nombre de ruches en constante augmentation dans sa région et sur le territoire français. « Cela montre bien que les gens sont de plus en plus soucieux de consommer local et cela va dans le bon sens. Car il est possible de consommer local toute l’année, pour peu que l’on revienne un peu aux sources, aux façons de consommer des anciens et surtout aux saisons. Mais pour que ce principe se démocratise, il faut accompagner les gens et les informer. C’est aussi à cela que peuvent servir toutes ces ruches ».
G.V.
(*) Guihlem Chéron, Marc-David Choukroun et Mounir Mahjoubi.
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En savoir plus :
- Les Ruches dans la Drôme se situent à Châteauneuf-du-Rhône, Pierrelatte (en cours de construction) ; Romans ; et Valence.
- Toutes les ruches sont répertoriées et localisées géographiquement sur le site internet > https://laruchequiditoui.fr/fr
- Des infos, des recettes, des portraits de producteurs sont à retrouver sur « Oui magazine », le blog de « La Ruche qui dit oui ! » > https://magazine.laruchequiditoui.fr
- Consultez également les pages Facebook « La ruche qui dit oui » et « La ruche qui dit oui Châteauneuf du Rhône ». Chaque ruche a sa page locale Facebook.
- Découvrez La « Ferme de Pied Chapel » de Sabine et Gilles Audigier à Alba-la-Romaine > http://www.fermedepiedchapel.fr/
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