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Du côté de ma Drôme

Erik L'Homme, écrivain voyageur

Le "Mokiroule", la librairie ambulante qui sillonne les routes de la Drôme et de l'Ardèche, a soufflé sa première bougie. Un anniversaire que Pascale Girard, la créatrice du "Mokiroule", a souhaité fêté en organisant plusieurs rencontres-dédicaces avec des auteurs de littérature jeunesse. 

Premier invité, Erik L'Homme, auteur de séries fantasy bien connues des petits et grands ados comme "Le livre des Etoiles", Phaenomen", "A comme Association", ou plus récemment "Terre-Dragon", publiés chez Gallimard Jeunesse.

Et moi, le "Mokiroule", je suis fan. Alors je ne pouvais pas manquer ce premier anniversaire. Et Erik L'Homme étant originaire de Dieulefit, je ne pouvais que lui proposer de répondre à quelques questions !

Rencontre avec un écrivain voyageur au coeur fidèle à la Drôme.

(Photos G.V.)

Erik L'Homme pendant sa séance de dédicaces à bord du "Mokiroule".

- Vous avez passé votre enfance à Dieulefit, quels souvenirs en gardez-vous ?

Erik L'Homme : "Ceux d’une grande liberté, en contact étroit avec la forêt, qui commençait juste après le jardin, et les nombreux livres de la bibliothèque familiale. Beaucoup de temps à regarder le ciel, aussi, diurne (quelle lumière chez nous !) et nocturne (des étoiles brillant comme les joyaux d’un trésor de pirate !). On dit que c’est dans l’enfance que l’on retrouve ce qui fait l’adulte qu’on est devenu. Je dois à la mienne le besoin de lumière et le goût des escapades en tout genre."

- Vous avez fait des études d’histoires et de civilisations ; vous avez été journaliste dans le domaine de l’environnement. Quand s’est opéré le virage vers l’écriture de romans, et plus particulièrement la fantasy à destination de la jeunesse ?

E.L.: "Ce sont deux rencontres qui m’ont conduit à écrire de la fantasy pour la jeunesse. J’ai d’abord eu la chance (l’honneur) de faire la connaissance de Jean-Philippe Arrou-Vignod, auteur et directeur de collection chez Gallimard Jeunesse. J’ai ensuite découvert Harry Potter. J’ai dévoré les trois premiers tomes en quelques jours, et j’ai ressenti cette lecture comme un défi : pouvait-on écrire une histoire de sorciers après Harry Potter ? Plongé depuis l’enfance dans l’univers des contes et légendes, amateur de SF et de Fantastique (autant d’influences que j’assume pleinement), l’idée du Livre des Etoiles m’est venue assez naturellement. Je l’ai proposée à Jean-Philippe, qui a été emballé. Voilà comment tout a commencé !"

- Que lisiez-vous à l’âge de votre public ?

E.L.: "Enfant, j’ai d’abord écouté avec ravissement mon père et ma mère, au coin du feu, me faire la lecture d’histoires extraordinaires. J’ai ainsi voyagé avec Nils et son jars, chevauché avec Arthur et ses chevaliers, dansé avec les Korrigans sur les landes de Bretagne et navigué avec les Vikings à l’autre bout du monde. En âge de lire, je suis devenu un dévoreur de livres. De multiples portes se sont ouvertes à moi, comme autant de possibilités de voyage, et je m'y suis engouffré. Le capitaine Fracasse et le long cheminement du baron de Cigognac, sa vie de bohème et d'aventures, m'ont fait rêver. J'ai envié la chance incroyable de Jim Hawkins qui avait pu aller sur L'Ile au trésor et rencontrer Long John Silver. J'ai voulu accompagner Tintin au Tibet pour l'aider à secourir Chang ! Le monde m'apparaissait alors sous le prisme de mes lectures et je ne comprenais pas que ma vie soit si banale… Je me suis alors fait, à cette époque de ma vie, un certain nombre de promesses que j'ai essayé, plus tard, de tenir : je suis parti, à l'aube de ma vie d'homme, à la recherche du Yéti pendant deux ans, dans les montagnes du Pakistan ; j'ai ardemment cherché un trésor de pirate dans l'archipel philippin ; et j'ai créé, par la magie de l'écriture, des héros auxquels j'ai fait vivre des aventures qu'il m'aurait plu de vivre… Les livres sont dangereux. Qu'on se le dise !"

- Vous êtes invité du « Mokiroule » à l’occasion de son premier anniversaire. Que pensez-vous de ce concept de librairie ambulante à l’heure où l’on entend souvent que les enfants et les ados ne lisent plus ?

E.L.: "J’adore cette idée de Librairie Ambulante ! Plus qu’un concept (le Mokiroule le prouve depuis un an) c’est une réalité, à la fois novatrice et ancienne. Autrefois, le colporteur passait dans les villages et apportait une ouverture sur le monde à travers les récits qu’il faisait des événements du moment. Aujourd’hui, la librairie ambulante tient à la disposition des gens éloignés des villes cet objet culturel par excellence qu’est le livre. Avec, en plus, une nouvelle mission : celle de tisser du lien dans une société qui aujourd’hui (et contrairement à autrefois) en est dramatiquement dépourvu…

Quant aux jeunes, s’ils lisent toujours, c’est vrai qu’ils consacrent de moins en moins de temps à la lecture. Il est bon, et le Mokiroule fait aussi ça, de leur rappeler l’importance du livre dans la construction de l’humain."

- En parlant de livre, quel est le dernier livre que vous avez lu ou celui que vous êtes en train de lire ?

E.L.: "Je viens de refermer à peu près simultanément trois ouvrages : un essai brillant qui contribue à la compréhension de notre époque, « Le crépuscule de la France d’en haut », de Christophe Guilluy ; un roman picaresque jubilatoire, « La fête est finie » de mon ami Olivier Maulin ; enfin, pour continuer à creuser l’univers extraordinaire du Vieux Royaume du très talentueux Jean-Philippe Jaworski, « Le sentiment du fer », un recueil de nouvelles fantastiques."

- J’ai vu sur votre page Facebook que vous arrivez au terme d’une année sabbatique souhaitée. Pourquoi avoir choisi de faire cette pause et qu’avez-vous fait pendant un an ?

E.L.: "Après quinze ans passés à rencontrer des lecteurs partout en France et à l’étranger, à enchaîner les séries fantastiques pour adolescents, j’avais envie de changer d’air. J’ai donc beaucoup marché, en France et en Europe, de la rando-bivouac comme j’appelle ça : un sac sur le dos, une tente et un réchaud, à marcher, contempler, méditer, se poser à l’approche du soir dans un bois ou sur un bord de chemin… Le bonheur !"

- Dans une interview accordée fin 2015, vous avez déclaré concernant vos projets : « Je ne sais pas (…) Rien de ce qui est littéraire ne m’est étranger. J’ai envie d’essayer de toucher à tout ce qui m’intéresse dans la littérature ». Aujourd’hui, vous pouvez en dire plus sur vos envies littéraires ?

E.L.: "Je suis en train de m’essayer à un petit roman adulte, en même temps que se bousculent dans ma tête les idées pour un grand roman jeunesse."

- Dans votre livre « Des pas dans la neige, aventures au Pakistan » retraçant votre voyage avec votre frère dans les années 80, vous écrivez « Tout est affaire de regard. De regard que l’on porte sur le monde ». Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le monde, et plus particulièrement sur ce monde dans lequel les adultes de demain sont vos actuels lecteurs ?

E.L.: "J’ai bien peur que mon regard soit aujourd’hui sombre et désenchanté. Notre époque me paraît plus médiocre que jamais, tirant les individus vers le bas. Le matérialisme, le consumérisme, semblent réduire l’individu à ses plus basses fonctions et fausser les rapports humains. Paradoxalement, l’existence moderne, de plus en plus artificielle (de plus en plus anecdotique), est soumise à un nouvel ordre moral orwellien… J’exagère sûrement, mais bon, je vous livre mon sentiment brut de décoffrage !

C’est dans ce contexte que le livre retrouve aujourd’hui son importance. Il peut éveiller des aspirations à autre chose, des velléités de révolte et de rupture. Il peut déverrouiller l’imaginaire et libérer les consciences. Jamais le livre – ou plutôt la possibilité du livre – n’a été aussi transgressif. Un signe ? Les écrivains sont de nouveau régulièrement traînés devant les tribunaux…"

- Dans vos ouvrages, la notion de transmission est importante. A ce sujet, quels conseils donneriez-vous à un jeune auteur qui débute et qui n’a pas encore réussi à se faire publier ?

E.L.: "De persévérer. Il arrivera fatalement un moment où un texte rencontrera un éditeur – et avec de la chance, un public. La petite musique de l’époque fait croire que tout peut s’obtenir sans effort, mais c’est l’acharnement et le travail qui payent au final. La volonté d’un auteur s’inscrit forcément dans la durée."

- Ce blog s’appelle « Du côté de ma Drôme ». Si vous deviez définir ou décrire la Drôme, qu’en diriez-vous ? Quel est le site, le village, le lieu que vous préférez dans la Drôme ?

E.L.: "J’aime tout de la Drôme (surtout le sud, c’est vrai !). J’y ai passé mon enfance et j’y vis aujourd’hui. C’est un tiers de l’ancien Dauphiné mais un pays en soi. Aberration historique (l’un de l’ « empire », l’autre du « royaume »), je me reconnais pourtant comme aile droite du magnifique papillon que la Drôme forme avec l’Ardèche sur le corps du Rhône…

Quels sites je préfère ? Parmi tant d’autres (je ne me défilerai pas !), le plateau d’Ambel pour entendre bramer les cerfs, les vieux murs du lycée Loubet pour réveiller ma jeunesse, la forêt de Saou pour me gorger du parfum des arbres, la salle des fêtes de Chatillon-en-Diois pour danser du folk, la Fontaine minérale de Pont-de-Barret pour dîner, le château de Grignan pour rire avec les fantômes, les gorges de la Nesque et du Toulourenc pour jouer dans l’eau fraîche, les Plaines de Poët-Laval pour voir, comme Le Cardonnel, « bleuir les monts dans les horizons clairs »…"

Mille mercis à Erik L'Homme pour sa gentillesse et sa disponibilité!

Erik L'Homme, écrivain voyageur

J’adore cette idée de Librairie Ambulante ! Plus qu’un concept (le Mokiroule le prouve depuis un an) c’est une réalité, à la fois novatrice et ancienne. Autrefois, le colporteur passait dans les villages et apportait une ouverture sur le monde à travers les récits qu’il faisait des événements du moment. Aujourd’hui, la librairie ambulante tient à la disposition des gens éloignés des villes cet objet culturel par excellence qu’est le livre. Avec, en plus, une nouvelle mission : celle de tisser du lien dans une société qui aujourd’hui (et contrairement à autrefois) en est dramatiquement dépourvue.

Erik L'Homme à propos du "Mokiroule"

C'est à Saint-Laurent-du-Pape, le village ardéchois où elle réside, que Pascale Girard a reçu Erik L'Homme, sur la terrasse d'hiver du "Mokiroule". Petits gâteaux et boissons attendaient les visiteurs et les fans de l'écrivain, venus de loin pour certains (Chambéry!) et avec une pile de livres de l'auteur à dédicacer pour d'autres.
C'est à Saint-Laurent-du-Pape, le village ardéchois où elle réside, que Pascale Girard a reçu Erik L'Homme, sur la terrasse d'hiver du "Mokiroule". Petits gâteaux et boissons attendaient les visiteurs et les fans de l'écrivain, venus de loin pour certains (Chambéry!) et avec une pile de livres de l'auteur à dédicacer pour d'autres.  C'est à Saint-Laurent-du-Pape, le village ardéchois où elle réside, que Pascale Girard a reçu Erik L'Homme, sur la terrasse d'hiver du "Mokiroule". Petits gâteaux et boissons attendaient les visiteurs et les fans de l'écrivain, venus de loin pour certains (Chambéry!) et avec une pile de livres de l'auteur à dédicacer pour d'autres.

C'est à Saint-Laurent-du-Pape, le village ardéchois où elle réside, que Pascale Girard a reçu Erik L'Homme, sur la terrasse d'hiver du "Mokiroule". Petits gâteaux et boissons attendaient les visiteurs et les fans de l'écrivain, venus de loin pour certains (Chambéry!) et avec une pile de livres de l'auteur à dédicacer pour d'autres.

"Partir en voyage à l'autre bout du monde, à l'autre bout de sa tête, pour mieux revenir du côté de ma Drôme, sweat Drôme..." Erik L'Homme, 6 octobre 2016.

"Partir en voyage à l'autre bout du monde, à l'autre bout de sa tête, pour mieux revenir du côté de ma Drôme, sweat Drôme..." Erik L'Homme, 6 octobre 2016.

***

Pour en savoir plus :

- Sur le "Mokiroule" et sa tournée en Drôme et Ardèche > http://www.lemokiroule.fr/

- Sur Erik L'Homme > http://www.gallimard-jeunesse.fr/Auteur/Erik-L-Homme

Et pour relire l'article présentant le "Mokiroule", c'est par ici >

http://www.ducotedemadrome.com/2016/06/la-belle-histoire-du-mokiroule.html

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